ANNE BISSON AU SAVOY DU MÉTROPOLIS
Spectacle donné lors du Festival de Jazz de Montréal, l’un des événements les plus importants au monde dans le genre, des spectacles en extérieur et intérieur, pour la plupart gratuits. Il était donc normal qu’Anne Bisson s’offre deux jours en public, pour le plus grand bonheur de ses fans. Certes la salle était de taille modeste, mais juste assez grande pour accueillir des connaisseurs qui voulaient avant tout rendre hommage à l’artiste, se procurer son dernier album, se le faire dédicacer et surtout approcher Anne au plus près, donc nous y étions pour constater que ce fut mission accomplie. Anne Bisson a accepté de répondre gentiment à quelques questions.
Marc Phillip: Nous avons remarqué que tu connaissais la plupart des personnes présentes, était ce pour rester dans l’esprit « intime » de cette représentation?
Anne Bisson: Ça a été une belle surprise pour moi d’avoir tous ces gens venu me voir. il y en a que je connaissais, et d’autres non… J’aime bien établir une communication avec le public dès le départ!
M.P.:Parle moi de ton commanditaire principal, celui par qui tout a été rendu possible?
A.B.: Simaudio est un fabriquant d’amplificateur haut-gamme distribué dans une trentaine de pays à travers le monde. ( Moon) Jean Poulin, le président/fondateur a accepté avec joie de renouveler l’expérience cette fois avec Guy St-Onge , lui et moi comme producteur exécutifs. Nous avons concocté un album audiophile aux multiples couleurs qui sera une belle carte de visite encore une fois pour moi à travers le monde!
M.P.: Qui est Guy St Onge?
A.B.: Guy St-Onge est à mon avis un des meilleurs réalisateurs et arrangeurs qui soit! Ici et ailleurs.. et je pèse mes mots. Cet homme est un surdoué de la musique, mais aussi un homme très humain et branché sur le talent des autres également. Grâce à son intuition et sa grande générosité il a su m’amener encore plus loin dans la « folie » et la création. On se respecte énormément mutuellement et je crois que c’est cette joie et cet amour de travailler ensemble qui a donné les résultats qu’on entend sur Portraits & Perfumes.
M.P.: Quel a été ton feeling durant ces deux représentations?
A.B.: Le festival International de jazz de Montréal est pour moi une occasion en or de me faire voir et entendre et j’étais dans un état de pur bonheur!
M.P.: Peux tu me citer les pièces musicales que tu as interprété?
A.B.: Black Coffee, I’ve got you under my skin, September in Montreal, The nearness of you, Spinning wheel, Why is it so, How insensitive, Call me, Do what you please, I like you too!, What’s wrong with me, Ripples, With a little help from my friends…
M.P.: J’ai retenu une chanson de Liane Foly et une de Bernard Lavilliers, est ce une choix de ta part ou dicté par ton manager?
A.B.: Je n’ai pas de manager; Je n’ai pas encore trouvé la bonne personne. J’interprète ces deux pièces depuis mes spectacles de 1993. Je trouve qu’elles ont toujours leur place! En passant il s’agissait de La Salsa de Bernard Lavilliers et Nuits Halogènes de Liane Foly que j’interprète souvent dans mes spectacles.
M.P.: Ta carrière ne date pas d’hier?
A.B.: Et oui, ça fait longtemps que je me produit en spectacle, ici , en France et ailleurs dans le monde. Pour l’anecdote, j’ai fait Cristal dans Starmania et j’ai chanté sur le plateau de Michel Drucker en 1986! l’émission a été diffusée devant 12 millions de téléspectateurs… Céline était avec moi et plusieurs autres.
M.P.: Le piano sur lequel tu as joué au Savoy est celui sur lequel tu joues habituellement ou c’est un modèle loué pour l’occasion?
A.B.: Un modèle loué par l’intermédiaire d’un commanditaire du FIJM.
M.P.: Tu dégages une joie de vivre saisissante sur scène, quel est ton secret?
A.B.: Je suis une passionnée de la musique et de la vie en général… De plus, j’avais très hâte de remonter sur scène, quoi que cette année j’ai donné plusieurs représentations au Québec.
M.P.: Tu sembles heureuse de jouer avec tes musiciens, est ce le jeu de scène ou un sentiment authentique?
A.B.: On ne peut pas faire semblant d’avoir de la complicité, ça passe ou ça ne passe pas. Dans mon cas, j’ai une relation très privilégiée avec mes musiciens … Le bonheur qu’on a de jouer ensemble ne peut qu’être ressenti par le public. On adore se jouer des tours et se lancer des défis!!! Je crois que ça aussi ça passe très bien sur scène. On s’aime beaucoup!
M.P.: Ton second album est très différent du premier, as tu eu ton mot à dire sur la direction artistique?
A.B.: Absolument! Mais c’est un travail d’équipe… Je suis le moteur et j’ai un chef au commande qui s’appelle Guy St-Onge, un co-pilote qui s’appelle Wesley Hayden, Vp de Universal et distributeur de mes albums, et mon ami et commanditaire Jean Poulin de Simaudio qui nous soutient dans nos choix artistiques.
M.P.: On sent la patte d’un pro en arrière de cette production, le son est « léché », c’est de mon point de vue plus « commercial », mais c’est certainement un cap voulu par ton gérant?
A.B.: Universal (Monsieur Hayden)) m’a suggéré de faire des reprises pour effectivement aller chercher un plus grand auditoire, mais tout cela en respectant ma folie et mes couleurs! Je crois qu’avec Portraits & Perfumes, Guy et moi avons su garder un son audiophile tout en y insufflant créativité et audace! Les tunes: Us and Them et With a little help from my friends en sont un bel exemple.
M.P.: Certains artistes veulent faire mieux sur leur second album, toi tu as décidé de prendre un autre cap, est ce ta volonté?
A.B.: On veut toujours se surpasser quand on fait un album, on veut explorer d’autres avenues… Pour moi il était très important de faire autre chose que ce que j’avais déjà fait sur Blue Mind. Cela dit, Blue Mind restera toujours pour moi un album spécial, intime et très personnel. Mais encore une fois , j’ai fait confiance au talent et au génie créatif de Guy St-Onge pour me guider!
M.P.: Objectivement, comment qualifies tu ton dernier album versus Blue Mind?
A.B.: Un album coloré, aux instrumentations variés, plus joyeux, ( C’est là où j’en suis rendu aujourd’hui). Un album qui m’apportera un nouvel auditoire également.
M.P.: Beaucoup de changement depuis « Blue Mind« , dans quelle direction regardes tu pour la suite de ta carrière artistique?
A.B.: Je dois sortir du Québec.. je n’ai pas vraiment le choix, la musique que je fais reste assez en marge de la musique francophone d’ici et j’aimerais bien gagner ma vie à vendre des albums et à faire des spectacles. Au Québec, avec le jazz EN ANGLAIS… ça reste un peu plus difficile, quoi que je m’avoue très gâtée d’être solidement appuyée par le Festival international de Jazz de Montréal ainsi que par celui de Québec. Plusieurs petites salles ici ont aussi acheté mon spectacle cette année et je les remercie vivement! Plus on me voit, mieux c’est!
M.P.: Chanter en anglais est elle une obligation dictée pour élargir ton répertoire ou pour séduire nos voisins du sud?
A.B.: D’abord le jazz pour moi ça se passe beaucoup en anglais… ce qui n’exclue pas la possibilité pour moi de chanter en français sur mon prochain album, quelques pièces au moins… Mais c’est certain qu’avec l’anglais, j’ai pu vendre mon premier album « Blue Mind » au Japon, en Suède, en Australie et aux USA …Ce qui aurait été plus difficile en français, ou même carrément impossible.
M.P.: Las Vegas a été une belle expérience, vas tu la renouveler?
A.B.: OUi! J’y retourne l’an prochain avec un autre spectacle. Ce voyage est très important pour moi car il me permet de rencontrer mon distributeur américain Bob Bantz d’Elusive Disc, lui qui m’a si solidement appuyé lors de la sortie de Blue Mind en version CD et Vinyle 180 gr.
M.P.: Quels sont tes projets au Canada?
A.B.: On m’a proposé récemment de faire la tournée des Hôtels Fairmount à travers le pays! Un très beau contrat qui va me permettre de voyager et de jouer mon « matériel » à l’échelle nationale.
M.P.: Qui du marché Européen?
A.B.: J’ai un impressario qui s’occupe du Marché Français de façon plus ciblée et j’ai une agence ici au Canada qui va s’occuper du marché Asiatique et des USA entre autre. L’Asie et les USA sont deux beaux marchés pour moi!
M.P.: Quels sont les artistes qui ont compté pour toi et qui t’ont influencé sur le plan artistique?
A.B.: Bill Evans, Keith Jarrett, Ella… bien sûr que j’ai vu au Festival de Jazz de Montréal en 1984 je crois… Wow! J’aime beaucoup Diane Schuur, quel présence, quelle voix avec beaucoup d’émotion! J’aime également la belle sobriété et la grande sensualité de Peggy Lee.
M.P.: Sur quel piano rêverais-tu de jouer?
A.B.: Un Fazioli…
M.P.: Si on te le proposait, avec quel artiste aimerais tu partager la scène?
A.B.: AL JARREAU ou Daniel LANOIS!!!!
M.P.: Quels sont tes souhaits pour l’avenir?
A.B.: Continuer à faire de la musique et ne plus jamais prendre de pause comme la dernière qui a durée trop longtemps selon moi ( près de 10 ans)
M.P.: Te reste-t-il quelques rêves à réaliser?
A.B.: Plusieurs, je les ai tous écrits sur un immense carton dans mon studio… J’aimerais bien être appuyée par une grande cie de disque comme Blue Note ou Verve, quoi que le modèle des compagnies de disques( Major) à tellement changé depuis 10 ans… Peut-être suis-je mieux ainsi, i.e. indépendante tout en bénéficiant du soutien de Universal Music comme distributeur. L’avenir me le dira.
M.P.: Le mot de la fin t’appartient, quel message souhaites tu passer auprès de nos lectrices et lecteurs?
A.B.: Merci d’acheter la musique! Il est presque impossible pour un artiste de vivre uniquement du revenu de ses spectacles… De bien en vivre… donc continuez à payer pour la propriété intellectuelle et n’oubliez pas les auteurs /compositeurs qui souvent sont seuls dans leur appartement pour écrire les musiques que vous écoutez et qui vous font tant de bien! Quand on va au restaurant, on aime bien manger, mais on doit aussi payer la note pour celui qui a préparé le repas et le service. C’est la même chose avec la musique! Merci à tous les mélomanes et audiophiles pour leur appui, vous êtes un auditoire attentif et enthousiaste!
Cordialement,
Anne Bisson
Site web : www.annebisson.com